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Mots. Les langages du politique. Sigles et acronymes en politique (SAcroPol)
01.11.09 / 01.03.10
La revue Mots. Les langages du politique entend
publier en 2011 un dossier rassemblant des
travaux portant sur les sigles en politique.
Problématique générale : Le sigle en discours / Le sigle comme discours
On s?intéresse au sémantisme politisant de la
siglaison, des sigles et des acronymes, en
partant d?un certain nombre d?acquis en la matière :
1/ le processus de siglaison fait sens par
lui-même, et peut être contesté ou valorisé :
que fait-on, que veut-on dire quand on crée un
sigle ou un acronyme en politique ?
2/ le sigle ou l?acronyme peut avoir un sens
spécifique par rapport à la dénomination siglée
dont il n?est généralement pas une simple
variante, jusqu?à la perte de toute transparence
motivationnelle : en politique, que dit le sigle
ou l?acronyme de différent de ce que dit le syntagme siglé ?
3/ selon l?usage qu?on en fait, le sigle ou
l?acronyme prend un sens particulier en contexte
: que veut-on dire et que comprend-on lors de
chaque usage d?un sigle ou d?un acronyme en politique ?
La perspective sémantique doit être mise en
relation avec les dimensions phonique,
prosodique, graphique, morphologique et
syntaxique de la siglaison. La création et
l?usage des sigles doivent être appréhendés en
discours, dans une perspective pragmatique et
interactive. Les articles soumis pourront
s?appuyer notamment sur des études de corpus, ou
sur des enquêtes socio-linguistiques.
La référence au politique s?entend ici de façon
large : vie politique (concurrence des acteurs
et des organisations), politiques publiques (de
la mise sur agenda à l?évaluation),
politisation/dépolitisation (représentations et
mises en scène de la conflictualité sociale).
Plutôt qu?un repérage systématique des
spécificités de la siglaison dans le domaine
politique, ce qui supposerait un improbable
travail comparatif avec d?autres domaines, on
attend principalement des études de cas portant
sur la genèse, les formes et les usages de la siglaison en politique.
Rappels sur la siglaison
La siglaison revient à créer un néologisme :
elle contribue à la créativité lexicale. La
siglaison est une modalité de formation des mots
par abrègement (réduction graphique et
phonétique), concurremment à la dérivation et à
la composition. La siglaison est une forme
d?abrègement d?une unité syntagmatique ou
phraséologique, concurremment à l?ellipse, à la
troncation, à la juxtaposition sans mot de
liaison, et à l?abréviation (l?abréviation ne se
lit pas telle quelle mais on lit ce qui a été
abrégé, alors que le produit de la siglaison se
lit tel quel : procédé graphique v. phénomène
lexical). Ainsi, un symbole sous forme de
lettres, même sous la forme de lettres initiales
de plusieurs mots, n?est pas un sigle, mais
constitue un usage particulier de l?abréviation.
Sigler un syntagme consiste à retenir la ou les
lettres initiales de certains ou de tous les
éléments le composant, et à les rassembler dans
un mot unique nouveau. La siglaison fonctionne tant dans la langue courante
que
dans les langues de spécialité, et tant à
l?écrit qu?à l?oral. Le mot nouveau produit par
la siglaison peut être de deux sortes : s?il est
lu en l?épelant, en dénommant chaque lettre
séparément (prononciation disjointe), c?est un
sigle stricto sensu ; s?il se lit comme un mot
(prononciation intégrée), c?est un acronyme,
oralisé comme un mot. On notera que le
mot-valise ne relève pas de la siglaison : il
est constitué de syllabes de mots différents, et
non pas des lettres initiales de mots
différents. La siglaison est déjà présente dans
l?Antiquité, mais devient de plus en plus
fréquente au cours du 20ème siècle, notamment
dans certains domaines dont ceux de la vie
politique et des politiques publiques ; elle est
particulièrement utilisée en français et en
anglais, mais elle l?est aussi notamment dans
les langues germaniques, romanes et slaves ; son
usage se démultiplie avec la mondialisation.
Pistes de recherche et questionnements
Socio-genèse : la création d?un sigle ou d?un acronyme
1. Que sigle-t-on en politique ? On sigle des
dénominations propriales ou communes de
référents divers (sigles monoréférentiels ou
catégorisants) : noms propres d?organisations
(syndicales, politiques, associatives),
d?institutions (tribunaux, assemblées,
organisations internationales), de collectivités
(pays, régions, syndicats territoriaux), de
textes juridiques (lois, traités), de politiques
publiques, de personnes (« initiales ») ; noms
communs : catégories d?actes, de dispositifs,
d?organisations, d?institutions, de
personnes?Mais on sigle aussi des expressions,
des formules? produisant des sigles à valeur d?adjectifs.
2. Dans quels cas sigle-t-on en politique ? On
peut repérer des contraintes et des probabilités
de la siglaison, sous forme de sigle ou
d?acronyme : formes de la dénomination siglée
(nombre, taille, structure et prononciation des
mots) ; propriétés du référent (politiques,
juridiques, biologiques) ; conditions de lieu et
de temps (cultures, périodes, normes, modes ? siglomanie).
3. Pourquoi et pour quoi sigle-t-on (crée-t-on
un sigle ou un acronyme) en politique ?
Finalités linguistiques et pragmatiques de la
siglaison : économie (le sigle entre expansion
syntaxique et condensation lexicale) ;
efficacité dénominative, facilité, rendement,
humour, emphase, préciosité, jargon, argot,
cryptage, mobilisation, moquerie, cocasserie,
légitimation, délégitimation, euphémisation,
occultation, abstraction, précision, concision,
sublimation, connotation, mémorisation,
modernité, jeu ; rapidité d?émission, de
transmission et de réception? Siglaison et langue de bois.
Propriétés morphosyntaxiques du sigle ou de
l?acronyme politique : A quoi ressemblent sigles
et acronymes en politique ? Quelles sont les contraintes de leur construction ?
1. La forme du sigle : le choix des mots,
lexicaux ou non lexicaux, pris en compte dans la
siglaison (siglaison intégrale ou partielle) ;
le choix des lettres (initiales / non initiales,
facilité de prononciation, esthétique et
symbolique du sigle) ; l?écriture des lettres
(tout majuscules / tout minuscules / partie en
majuscules et partie en minuscules / majuscule
initiale seule, i.e. écriture comme un nom
propre, ce qu?il est souvent de fait, tailles
égales / inégales) ; présence ou absence de
points abréviatifs (devenus rares mais a priori
logiques dans les sigles, du moins tant que
l?origine du sigle reste présent à l?esprit ;
généralement et logiquement exclus dans le cas
de l?acronyme) ; présence éventuelle d?un tiret
ou d?une barre transversale ; éventualité de
l?insertion d?un chiffre pour représenter la
répétition d?une lettre (géminée graphique),
courante en marketing ; citations, reprises et
réminiscences (les connotations du sigle) ; emprunts et traductions, sigle
s
communs à plusieurs langues pour des syntagmes sources différents.
2. La prononciation : analytique, par épellation
(sigle) ou synthétique (acronyme) ;
prononciation mixte (en partie sigle, en partie
acronyme) ; prononciation de chaque lettre
(notamment du e) ; élision ou non élision du
déterminant éventuel ; diversité de
prononciations ; réécriture phonétique du sigle
; opacification, démotivation du sigle.
3. Les propriétés syntaxiques et grammaticales :
présence ou absence de déterminant ; combinaison
de sigles ou d?acronymes ; invariabilité ou
accord en genre (généralement celui du premier
constituant) et/ou en nombre (si le sigle
fonctionne comme nom commun) ; valeur de noms
propres (l?étude de la siglaison politique est
alors une contribution à l?onomastique politique
: c?est certainement l?essentiel du siglaire politique) ou de noms communs.
Productivité linguistique du sigle ou de l?acronyme
1. Dérivation : dérivés adjectivaux, nominaux,
verbaux (et déverbaux) ; concurrence de
dérivations ; absence de dérivation ; forme de
la dérivation (affixation par préfixe ou
suffixe) ; existence de dérivation
parasynthétique ? de dérivation inverse ? de
dérivation dite « impropre » (par transfert de
classe lexicale : le sigle a presque toujours au
départ valeur de nom, mais peut prendre valeur d?adjectif) ?
2. Composition : formation de mots composés,
dont des mots-valises composés d?au moins un
élément obtenu par troncation d?un mot.
Usages du sigle ou de l?acronyme : Comment et
pour quoi utilise-t-on les sigles ou les acronymes en politique ?
1. Contentieux et concurrences des sigles :
sigles revendiqués, imposés, contestés ;
synonymie (sigle unique et sigles concurrents) ;
homonymies et détournements de sigles
(paronomase, défigement, rephonétisation
graphique) ; homonymie (volontaire ou non) d?un
sigle avec un mot existant dans le lexique
courant ou avec un nom propre (métaphore, métonymie).
2. Changements, abandons et disparitions :
conservation ou perte plus ou moins générale de
la motivation (de l?énoncé complet initial,
voire du sens de la source), d?où ambiguïté ;
instrumentalisation et détournement ; glissement
de sens ; usage des sigles ou acronymes et
niveaux de langues ; portée argumentative des
sigles : prononciations inattendues (acronyme épelé, sigle lu).
3. Lieux d?usages des sigles en politique :
usages écrits (monuments, médailles, tracts,
presse, badges, banderoles) ; usages oraux
(radio, télévision, interview, discours de différents types).
4. Usages dans des figures tropiques :
antonomase du sigle nom propre (perte de tout
lien avec un syntagme source, écriture en
minuscules, accords) ou du sigle nom commun ; métaphore ; métonymie.
5. Mise en image (graphisme, logotype) et en slogan.
6. Jeux de mots : anagramme, calembour, contrepèterie?
Modalités de soumission
Les contributions pourront prendre la forme
d?articles (maximum 40 000 signes tout compris)
ou de notes de recherche (maximum 15 000 signes
tout compris). Les auteurs pourront soumettre
aux trois coordonnateurs, avant le 1er novembre
2009, un avant-projet (3 000 signes maximum tout
compris), dont l?acceptation vaudra
encouragement mais non pas engagement de
publication. Les contributions devront être
proposées aux trois coordinateurs avant le 1er
mars 2010. Conformément aux règles habituelles
de la revue, elles seront préalablement
examinées par les coordinateurs du dossier, puis
soumises à l?évaluation doublement anonyme de
trois lecteurs français ou étrangers de
différentes disciplines. Les réponses aux
propositions de contributions seront données à
leurs auteurs au plus tard en juillet 2010,
après délibération du Comité éditorial. Les
références bibliographiques devront figurer en
fin d?article et être mentionnées dans le corps
du texte sous la forme : (Machin, 1983). L?us
age des
caractères italiques sera réservé aux mots et
expressions cités en tant que tels, et les
guillemets aux énoncés dûment attribués à un
auteur, ou à la glose d?un syntagme. Un résumé
de cinq lignes et cinq mots-clés seront joints à l?article.
Coordination du dossier
Paul Bacot, (paul.bacot /at/ univ-lyon2.fr)
Dominique Desmarchelier, (dominique.desmarchelier /at/ parisdescartes.fr)
Jean-Paul Honoré, (jp.honore /at/ wanadoo.fr)